Eloïm, Eloïm,
Chante son nom et souviens-toi des fleurs du silence
Ecoute et entends et comprends
« Et surgit en nos mains, venue des nappes souterraines
L’antique Table de Pierre à l’hermétique dessin
Que le Maître de Forge recréa dans la plaine
Pour que le Fils de l’Homme connaisse son destin ».
Ecoute, écoute et entends et comprends:
« Accepte aujourd’hui le flambeau et redeviens lumière
Le prêtre a sanctifié pour toi les marches de la Terre
Où ton Etre s’avance vers l’Est incandescent
Buvant à la coupe qui a versé ton sang. »
Ecoute, écoute et entends et comprends :
Aux lèvres de Mère, aux confins du cercle,
Je me rendrai, tête droite et dos croisé,
Pour que vie triomphe,
Aux pieds du maître, au bord de Venus
Je poserai le front et mes mains clouées
Pour qu’amour résonne
Au bout de nos morts, à la périphérie de Dieu,
Je crierai le cœur et mes pieds enchaînés
Pour qu’en Toi je demeure.
Ne restera que le point,
Restera le point
Le point, le pont quand l’homme se confond,
Que l’homme se fonde en Lui,
Que l’homme fonde en la lumière et c’est transfiguration.
La frontière est proche,
Proche est le temps où pensée s’abolit
Pour que seul le cœur guide vos pas
Peur, rupture du pas, rupture du rythme,
Je te demande confiance
Je te demande l’obéissance,
Je ne demande pas sacrifice de vie.
Intégration, intégration, le sens de gravité, l’échelle de cordée,
La route de la montagne sacrée s’ouvre sous vos pas.
Intégration sans gravitation ne peut se faire!
Tourbillonne, tourbillonne et écoute le vent,
Sois graine dans mon souffle et mets-toi dans mes bras
J’embrasse ta mort pour ta Vie.

Enfant du silence, tes blessures je panse,
Enfant de la nuit regarde l’accompli,
Enfant de l’amour, laisse faire le jour,
Le jour, grand jour où la mort et la vie s’unissent dans l’amour!
L’amour, la mort, l’amor, l’amour,
Danse dans les mots, viens dans nos contrées,
Conte de fée et fils d’ange et sache bien et sache dire
Que l’amour est la mort et la mort se fait vie
Vie éternelle de l’homme debout,
Vie éternelle de l’homme dans l’échelle
Et l’écho d’Eloïm retentit à l’oreille,
L’aile de ton ange est d’or et son sourire vermeil,
Vermeil, merveille, mère veille ,
La grande Mère te berce et le Père sourit au berceau,
Berce, berceau, verse, verseau, verseau …
Vous vous écartez du vrai nom prononcé.
Écoute mon chant, écoute le chant
Tendresse infinie qui coule de mes yeux,
Ton cœur est ma terre et tes yeux sont mes cieux.
Coule, coule, coule avec moi et en moi et pour moi et pour toi, apprends leur la foi,
Sang exquis qui te coule dans le vent …
Et si tu n’oses ta voix, je tonnerai la sienne
Et si tu n’oses ton cœur, c’est le tien que je chante, ose!
Sonne, sonne au clair, ma tempête est la Pâque, Pâque sainte
Et la cloche des Mondes appelle à l’univers,
Souviens-toi
Souviens-toi, l’agneau veille sur toi,
L’étoile étend ses branches, l’étoile de mère, l’étoile du Père,
Étoile de David et tu vis dans le sceau
Et le sceau est secret du fils qui révèle dans l’insigne du nouveau.
Nouveau, nouveau, renouveau ruisselle,
Ô nouvelle, eau nouvelle, les morts se réveillent,
Veille, veille,
Ton temps de l’avant est l’avent de son temps, avance …
Avance, avance vers l’autel et garde le temple et contemple,
Contemple …
Contemple outre monde et outre mer et autre ciel sur ta tête,
Ouvre le monde, ouvre la mer, ouvre le ciel de la planète et vis!
Vis, vis de ta chair et vis dans l’esprit et vis dans ton âme
Et laisse vision épandre le nom.
Et ton encre est subtile qui coule du grand nerf dans le flux invisible,
Colonne résonne, pilier qui fusionne
Et la faute de l’Eve s’efface en naissant,
Colonne de feu, colonne de lumière
Et tes yeux sont de braise et la plume, mon aile.
Aleph, aleph !
Que le monde lève les bras, qu’il ose le roi, qu’il ose le feu, qu’il ose la croix.
Joseph, Joseph !
Et j’espère en toi.
Oubliez la grammaire, elle est poids de l’hier :
Traduisez l’ écrit du premier-né
Penser, penser, mettez vous dans l’anse du « P » et versez,
Versez, soyez le sillon du nouveau chant.

 

L’oiseau sème et l’homme laboure et l’homme sème sa graine d’amour :
Vois là, l’humanité, immense grappe
Et vois là, l’humanité, vignoble mûr,
Vois la main qui presse, et vois la main qui vendange, vois là, le vin
Vois l’alevin, vois le levain, vois la levée du nouveau pain :
Chante, chante, chantez, sans le chant ne comprenez,
Sans le chant, point de labour,
Sans le chant, point de blé,
Sans le chant, point de levain,
Sans le chant, point de pain.
Espérez, espérez,
Inspirez et expirez et inspirez encore l’essence du Père
Et expirez et allez vers la mère.
Ses bras sont immenses et ton éternité se blottit dans l’immense matrice :
Grande Mère, initiatrice du monde,
Ta face éclaire la terre d’un sourire olifant.

Et comprenez l’olifant et comprenez l’éléphant,
Vos symboles sont clés des sages d’antan,
L’éléphant est l’aleph et l’olifant, l’aleph chantant.
Défense d’ivoire, défense d’y voir fut long temps de l’avant,
Fut le long temps des deux courants.
Courant fusionne, courant moissonne,
Est venu le temps de la Licorne.
Comprenez,
Comprenez Hermès, comprenez Héraclès
Comprenez l’ «R », comprenez la clé,
Comprenez ce qui ouvre et ferme en même temps et ouvrez!
Ouvrez
Je vous demande l’hors-raison, je vous demande l’oraison.
Comprenez l’homme enfermé et comprenez la clé de liberté.
Fantastique travail pour les cœurs vaillants.
Et rien ne sera mâché.
Bouillie n’est plus mesure,
Solide nourriture pour l’homme qui s’aventure au pays de l’esprit.
Et vous qui hésitez, et vous qui criez au fou,
Sachez bien que le fou est le pied de la terre
Et inversez le courant et soulagement viendra.
Tous les jours, votre envers croise votre endroit,
Tous les jours, votre course frôle votre lieu,
Tous les jours votre mot chante votre Dieu.
Et votre Dieu n’est pas le mien,
Il est repère dans le chemin,
Votre Dieu est dans le Saint et le Saint chante le Sans Nom :
Renonciation.
Le Sans Nom appelle le Renom.
Renommez, renommez,
Entendez le nouveau, entendez le chant du nouveau monde.
Et tout brûle,
Tout brûle d’avant pour terre brûlée de demain.
Terre brûlée, entendez, terre brûlée n’est pas mort du corps,
C’est abandon de l’ancien pour communion dans l’ essence,
Comprenez.

Nancy, le 8 mars 1990