À genoux
À genoux, l’homme vit à genoux
Et son pli est blessure de manque d’amour
Et l’homme grandit à genoux, et l’homme défie l’axe de son nom
Et l’homme rampe, cramponne sa poussière
Tremble à l’ombre des chimères et brûle sa terre.
La haine et le mensonge, le mensonge et la haine
Sont couple damné qui dévore l’enfant sans entendre le son.
Rêve trompeur, illusion de grandeur et chaîne des passions
Engendrent le poison.
J’ai appelé mon père et dans l’écho du grand Nom, me redonne le son.
Reviens, reviens! Reprends ton chemin,
Ceins tes reins des couleurs du raisin, vendange …
Sois le vent de l’ange!
Le soleil lance le rayon, sonne, moissonne.
Bleu est le ciel et couleur descend,
L’Isis dans l’iris de vos cœurs pétrifiés.
Cours ! Cours, tu perds ton temps dans le temps de l’avant, avance!
Grâce tu connais quand chante l’innocence,
Mais ajourne la tâche et la tache est née.
Naissez, naissez, renaissez à vous-même
Et connaissez le « N » et connaissez le « A »
Et le dieu de la mer et l’orbite géante,
L’œil sans paupière dans le firmament lance son éclair.
Et l’éclair, cheval foudroyant et lance de feu
Parcourt la planète dans les yeux du voyant.
Vois, vois et apprends le regard.
La licorne est légende et porte sur son front l’ivoire de vos cœurs,
Du vieil Atlas, elle revient pour l’homme qui a faim.
Et maintenant mange, mange,
Manne descend pour toi qui as faim, mange!
Manne est l’esprit dans la main de l’ange.
Et quittez votre exil, renoncez à l’exil, laissez l’exil!
Hors de toi je me meurs, je cherche ma mesure dans l’élan conjugué.
Et comprend le « il », comprends le « il », comprends «exil », « ex-il »
Et exil s’éloigne, exil disparaît.

Bernard Pouchin-« Exil »`

L’étonnement t’étouffe et t’assourdit
Tonne, étonne le tonnerre aux cieux du nouveau monde,
Étonnement t’emprisonne et tu raisonnes …
Sonne, résonne, porte le son, évite le piège et sois le solfège.
Réveille-toi, réveille les, réveillez vous !
L’œil se ferme dans le rêve, veille …
Victoire du Vivant, œil de l’angélus, Nicodème à Jésus, sois!
Sois, ose le JE, ose l’unique, ose l’UN,
N’attends pas qu’éclate l’airain
Œil d’or pour qui sait qui entendre.
L’œil, et dans ton œil l’étoile qui est gage de l’âme, aime!
Sois la lame, élève et deviens, deviens et transforme,
Trans-forme et passe, dépasse, surpasse, aspire la lumière.
Les larmes de la terre sont pleurs de l’âme,
Laisse larmes, laisse larme, laisse l’air ennoblir l’âme,
Laisse l’« R » et contemple l’âme.
L’âme est le tranchant, glaive en ton sein pour ton choix révolu
Tranche, choisis, élis toi des élus pour l’élue que tu es.
Étanche ta soif, étanche ta soif et appelle, appelle le père,
Le cri de l’homme rentendit d’au-delà,
Souffrance n’est pas paix.
Écoute, pax,
Pax, oses le pas qui te met dans la croix,
Pax, assure ta vie dans le choix de ton axe.
Ferme est ta marche, escalier de lumière dans l’aube du temps,
Ferme ta marche, garde ton pas, firmament impossible si le cœur se vend.
Demande et encore demande,
Ne pousse pas!
L’effort est trompeur et nuit à grandeur
Grandis, grandissez sans pousser.
Pousser est poussière, explosion de matière, cendres de ton nom.
Ouvre ton visage, il est l’âge de ta vie,
Ose le face à Soi, ose le face à « Lui »
La prouesse est facile et le « il » contient et sa face et son nom dans le tien.
Grandis, grandissez comme l’arbre déchaîné,
Ne poussez pas!
Grandir est vertical,
Pousser l’horizontal qui toujours recule et jamais ne devient.
Dans vos mains, l’oiseau, l’enfant de l’aigle
Fils de Jean sans peur, symbole du genre humain.
L’oiseau, l’ange captif du rêve de l’homme?

Bernard Louedin « Le rêve de l’Homme »

L’or et le vert et le bleu sont couleurs de l’enchantement
Et le pourpre, demain, à l’homme reposé.
Pose,
Pose l’oiseau dans son nid et le nid sur la terre et la terre retentit et sonne sa prière!
Crépuscule des dieux, naissance du « déjà né » et toujours vivant
S’inscrit au firmament.
Le soleil couchant et sitôt relevé inonde la planète de couleurs mélangées,
L’or et le pourpre sont le miel des anges,
Palette de l’artiste qui danse dans les nues et qui te dit : existe!
Sois dans la croix, sois dans le centre
Sois le genou de l’homme debout
Sois la tête sans la tête et coeur sans raison
Coeur de raison est le froid du tombeau dans l’homme écoeuré.
Oeuvre, offre, ouvre,
Ouvrez, aidez l’enfant qui se naît!
Fragile, fragile encore le lit de l’eau nouvelle
Veille, veille
Sois le gardien du grand phare qui sauve du naufrage
Pilier de jour qui éclate la nuit,
Corne de brume qui relie vos navires,
Veille, veille,
Ton oeil est le rond qui voit dans le temps, le temps de l’avant dans le devenu.
Inhale et exhale et mène au-dedans, mystère de foi
Et mène au-dehors, mystère de la loi et souffle!
Souffle, souffle sans cesse, ta brise ne brise que les coeurs défaits,
Défaite sera douce
Défaite sera douce à l’homme sans sa chaîne
A l’homme sans sa peine,
A l’homme sans sa haine.
Et sois reine, et soyez rois et soyez reines
Et soyez l’abeille et soyez la ruche et soyez le miel,
L’or liquide du soleil,
Et le miel coule dans les puits profonds.
Comprends, comprenez,
L’hydromel est breuvage en essence,
Dans le feu et l’eau et l’amour consumance
Alchimie de l’esprit invite en transhumance
Essence pure du centre de l’étoile
Fontaine de Jouvence pour l’être qui s’avance.
Retrouvez le sens et retrouvez le temps
Et le cinq et le six, soyez sept et le suis.
L’esprit est la spirale et le but est corolle
Vous êtes sève, vous êtes l’ève dans le double courant,
L’âme d’Adam se cache dans son nom.
Et le couple maudit descend en renaissant
Et à l’arbre fidèle apporte son présent.
Evasion,
Evasion, coupe sainte et offerte muette,
Coupole de vérité, vrai sens de l’offrande
Et le couple est sacré pour l’éternité.
Dualité s’estompe et dualité disparaît
Et le deux s’efface et le un et le trois se conjuguent en pair,
Et le trois est le siège du roi,
Sel gemme de la terre pour les pieds purifiés.
Lave, lave, soyez lave, feu qui coule et flamboie,
La montagne brûlée enfante le sarment,
La montagne sacrée révèle le serment.
Pâturage de l’esprit, colline de l’agneau,
Tes deux flancs sont blessants et ton sein accueillant,
Dans ton cœur minéral, la fleur d’immortel inonde l’océan
Parfume la patience et encense l’orient.
L’orient, orient!
Tu portes dans ton nom la première naissance
Et l’occident entend le sens de ton chant,
L’occident, occident, longue est ton agonie
Et tes os craquent, tes frontières s’effacent
Et l’embryon s’annonce et sort du poisson.
Et la lumière est rouge du sang des innocents,
Et l’Europe se couvre du manteau du silence …
Silence, silence … terre et fer de lance pour vie du … lendemain.
La terre enfle le dos, gonfle le poumon, retient encore le souffle,
Argile qui se fendille et terre qui se craquelle
Pour tisser nouvelle trame au plus grand nombre.

Dis, dis : que le monde devienne,
Dis et dis encore : que le fils revienne,
Dis : que tous se souviennent.
Jardiniers et semeurs, ouvriers vendangeurs,
Grands vases récepteurs t’aideront dans le chœur.
Alors, crois, crois et reste en croix,
Demeure dans la croix de vos destinées
Et croissez, croissez, multipliez,
Entendez la voix, connaissez la voie,
L’une et l’autre et l’autre et l’une,
Les yeux de ma voie et la voix de mes yeux.
Doucement, lentement, comme on berce un enfant,
Mon doigt ouvrira et la voie et la foi dans même temps.
Et le temps s’amoncelle, veille,
Dans les yeux s’ouvre le soleil, veille,
Demain ne serait pas sans étincelle, veille,
Que ta plume soit miel d’abeille.
Ouvre ta main et ouvre ta main, rejoins les deux mains et ouvre les mains.
Voici le vase de l’ancien.
Les pétales de ton cœur sont les doigts de ma main.
Ouvre, ouvre plus grand et plus grand
Et le vase dilate la fleur de lumière,
Mille couleurs jaillissent de ton centre
Et monte, monte, exhausse ta nature en dénature,
Surnaturel est naturel.
Grande mère est la mer et mieux que ta mère, vogue
Les flots de ta mère sont sel de terre, vogue
L’océan te livre dans le grand courant, vogue
De l’ « Il » tu t’approches dans le vent.
Flotte, flotte, légère comme liège et siège d’esprit,
Flotte, l’eau lourde te garde et soulève le pas,
Flotte, la vague t’emporte et tu suis la tortue.
Souviens-toi, souviens-toi de l’Ancêtre qui porte le monde,
Souviens-toi, souviens-toi du grand Sage que nul ne sonde,
Souviens-toi, souviens-toi des dérives et écoutes ton onde.
Et si tu entends le secret de la Pierre
La goutte de lune et le lait de Mercure
Le Mot que nous sommes dans la somme du tout
Est sommet en matière et règne de l’esprit.

Nancy, le 6 mars 1990